Les producteurs d’ail rose de Lautrec s’inquiètent des conséquences de la fusariose
La fusariose de l’ail touche cette année encore la production tarnaise. La problématique fusariose est préoccupante pour plusieurs raisons. Les producteurs sont inquiets. Où en est-on aujourd’hui ?
Depuis plusieurs années, la fusariose est présente en production d’ail et de manière plus significative dans le Tarn et la Drôme. Les campagnes précédentes ont été marquées par la maladie, plus ou moins présentes, et ceci indépendamment des conditions au moment de la récolte ou au séchage. D’où les inquiétudes grandissantes de toute la filière, d'une part car elle occasionne des pertes significatives pour le producteur, et d'autre part car elle porte atteinte à l'image du produit.
Qu’est ce que la fusariose de l’ail ?
La fusariose de l'ail est une maladie tellurique, au même titre que la maladie du café au lait, la pourriture blanche ou encore la suie de l'ail. Elle est associée à un complexe de champignons du genre Fusarium, parmi lesquels Fusarium oxysporum, Fusarium culmorum et Fusarium proliferatum. La maladie de la fusariose en production d'ail a été signalée dans de nombreux pays d'Europe (Espagne, Italie...), mais aussi en Argentine, Etats-Unis, au Canada ou encore en Inde. C’est une maladie récente, causée par des champignons aux spécificités très complexes (plantes hôtes, degrés d’agressivité…). La fusariose est une maladie présente sur de nombreuses autres cultures (maïs, melon, asperge, tomate…) mais les connaissances acquises pour un type de Fusarium ne sont pas transférables à un autre type de Fusarium. Malheureusement, il n'existe actuellement que très peu de connaissances sur la maladie en culture d’ail et à ce jour, il n'existe aucun produit de lutte.
Les actions entreprises
Afin de limiter l’impact de la maladie, la filière ail travaille en lien étroit avec le CEFEL dans le cadre de son programme d’expérimentation régional. Des essais ont été mis en place pour tester l’efficacité de plusieurs produits chimiques de synthèse et agents de biocontrôle. Des essais comparant plusieurs techniques de séchage et de stockage sont également menés depuis la récolte 2015. L’objectif est de pouvoir établir des préconisations en termes de prophylaxie à mettre en œuvre pour limiter l’expression des symptômes.
Au niveau local, les acteurs de la filière ont participé à la mise en place d’un dispositif d’expérimentation national permettant de coordonner les travaux et de partager les connaissances acquises au sein des différents bassins de production.
La recherche scientifique étant indispensable, le Syndicat de l’Ail Rose de Lautrec a également opéré un rapprochement avec Prosemail pour construire un projet de thèse sur trois ans. Une cotisation exceptionnelle a été votée par les producteurs d’Ail Rose de Lautrec le 23 mai dernier pour financer une partie de ce projet, qui débutera dans les prochaines semaines.
Les producteurs sont mobilisés et la dernière réunion qui s’est déroulée le 19 septembre à Saint Genest de Contest, à l’initiative du Syndicat de l’Ail Rose de Lautrec, démontre l’inquiétude mais aussi le souhait d’avancer rapidement et de réagir pour préserver l’économie générée par cette production emblématique du Tarn.
Les organisations professionnelles agricoles finalisent un accompagnement des producteurs. Nous reviendrons sur ce point dans une prochaine édition du Paysan Tarnais.
A. Renault et A-L Fuschien
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Comment repérer les symptômes ?
Les symptômes de fusariose apparaissent au cours du stockage : ramollissement du ou des caïeux, décoloration brune qui se propage petit à petit, développement éventuel d'un mycélium blanc, nécroses, apparition de «cavités». La maladie peut être observée sur seulement quelques grains, ou sur la totalité du bulbe.