Des parcelles de lin pour plus d'autonomie
Le grenier coopératif albigeois réfléchit aux moyens de dépendre un peu moins des marchés mondiaux en localisant certaines productions. Exemple avec le lin.
Quelques parcelles aux nuances bleutées soulèvent pas mal de questions ces derniers temps. "Le lin extrudé entre dans la composition du mâche pour l'alimentation des bovins" explique Thierry Roch, président du grenier coopératif albigeois. "Les intérêts nutritionnels de la graine de lin sont nombreux, que ce soit pour la production de lait ou de viande." Mais voilà, le produit coûte cher. De plus en plus cher. "La graine est produite dans le Nord et est extrudée en Bretagne. Avec le coût du transport, aujourd'hui, c'est presque devenu un produit de luxe !" La coopérative décide alors d'essayer de produire quelques hectares. Histoire de faire quelques pas de plus vers l'autonomie... "Nous avons tout à gagner à produire localement nos protéines : nous avons des intermédiaires en moins et nous offrons de nouveaux débouchés à nos producteurs !"
Si les essais se déroulent bien, des hectares supplémentaires devraient être semés dans les assolements. "C'est une filière bien structurée. Nous ne sommes pas autonomes au niveau national, la demande est donc forte depuis plusieurs années maintenant... La graine de lin devrait continuer à être mieux valorisée que le colza." Mais les projets du grenier coopératif albigeois ne s'arrêtent pas à la simple production. "Nous envisageons à moyen terme d'investir dans un extrudeur. Ce serait une étape importante dans notre recherche d'autonomie. Il pourrait servir à la valorisation d'autres graines et cela encouragerait les producteurs à se tourner vers les cultures protéiques."
Jean-Marc Fages de Cambon d'Albi, André Ravaille à Florentin et Thierry Roch de Carlus ont semé à eux trois une vingtaine d'hectares de lin pour ce premier essai du grenier coopératif albigeois. D'autres coopératives du département les ont accompagné. 10 ha ont été semés au sein de la coopérative agricole de Carmaux et 50 ha à la coopérative de blé de Salvagnac. L'accompagnement technique est réalisé par la coopérative Lin 2000, basée dans l'Oise. Denis Burlaud, technicien spécialisé dans la culture, s'est déplacé plusieurs fois dans le Tarn pour suivre l'évolution de la culture.
Beaucoup d'idées reçues...
M. Massoutier, technicien au grenier coopératif albigeois, se forme en même temps sur les parcelles de ses adhérents. "Que ce soit au niveau des sols ou de la météo, il n'y avait, à priori, pas de soucis pour la culture du lin ici. Le plus dur, c'est d'arriver à passer outre les idées préconçues. Pour les agriculteurs, le lin se sème et on ne s'en occupe plus. Aujourd'hui, l'itinéraire technique a beaucoup évolué : les interventions sont presqu'aussi nombreuses que sur le colza !" Même si tout se passe bien jusque là, la récolte reste l'étape la plus redoutée. Fin juin, le technicien de Lin 2000 reviendra d'ailleurs pour faire le point avec les producteurs et les entrepreneurs avant la moisson, afin que tout puisse se dérouler au mieux !